Regulus

Regulus, une sculpture architecturale de Guillaume Aubry
Photo NMNM/Florent Mattei, 2024

En 2021, le NMNM invite Guillaume Aubry, artiste et architecte à mener une résidence en milieu scolaire. À cette période, il prépare une thèse sur le sujet le plus photographié au monde : les couchers de soleils. Dans la dynamique de ses recherches, il puise ses images dans les grandes œuvres de l’histoire de l’art, le cinéma, dans notre culture visuelle populaire collective et dans les photos et vidéos qu’il a lui-même réalisées pour produire ses œuvres, performances et spectacles. Durant cette résidence, le musée propose à Guillaume Aubry de dessiner une « folie*» pour le jardin de la Villa Paloma.

Pour Regulus, Guillaume Aubry a pensé un pavillon héliotropique. Il a repris les tracés originaux du jardin à l’antique de la Villa Paloma dessinés en 1913 par le paysagiste Octave Godard, élève d’Édouard André. Les lignes reprennent et complètent le dessin recomposant la perspective historique du jardin constitué d’allées et de placettes. Idéalement située, la sculpture semi-circulaire est orientée plein sud et accompagne la course du soleil tout au long de la journée. Un four solaire, situé en plein centre du dispositif, permet de capter les rayons du soleil et de chauffer, cuire, faire bouillir, réchauffer, les boissons et la petite restauration qui y seront ponctuellement proposées. Un grand comptoir complète cette architecture entièrement réalisée en briques pleines et assemblées suivant un calepinage géométrique. Le mobilier sélectionné par Guillaume Aubry est édité par l’Atelier Thomas Serruys, Bruges, Belgique.

Regulus n’est pas le café du musée, ni un bar à cocktails, ni même une agora, mais un peu de tout cela à la fois.

* Folie(fabrique de jardin) traite des fabriques, pavillons ou édicules édifiés principalement du XVIIe au XIXe siècle dans des parcs ou jardins, d’inspiration romantique, grotesque, orientale, imaginaire ou romanesque.


Activations

Regulus a été inauguré mercredi 3 juillet 2024 et activé publiquement pour la première fois jeudi 4 juillet lors d’une soirée « Sunsets », durant laquelle Guillaume Aubry et Benjamin Laugier ont présenté le projet. Le cocktail « Hollywood » issu du livre de recettes de « Sunset cocktails », (JBE Books) a été servi avant une projection performée du film Sunset Boulevard de Billy Wilder (1950).

À l’avenir Regulus sera l’objet d’invitations à de nombreux artistes, chefs cuisiniers, mixologues et restaurateurs qui investiront le lieu, à l’image de l’artiste Ève Pietruschi qui y animera l’atelier jeune public « Cueillir le soleil ».

Trois nocturnes activeront Regulus cet été. Le Camion Valentin y proposera une sélection d’antipasti, vins bios et boissons fraîches de 18h à 21h30 jeudi 1er et 22 août et jeudi 5 septembre.


Regulus

Regulus est un consul romain (-299, -246) supplicié par les Carthaginois pour trahison : il est enfermé trente jours et trente nuits dans le noir le plus complet avant d’être exposé à la lumière directe du soleil après qu’on lui a coupé les paupières. Regulus est aussi le sujet d’une toile du peintre anglais J.M.W. Turner qui reprend la composition classique des peintures de la Renaissance avec un soleil comme point de convergence des lignes de perspective d’un paysage portuaire, mais du point de vue de Regulus, c’est-à-dire à travers sa rétine brulée (Regulus, 1828-1837).

Turner, contemporain de l’invention de la photographie, représente peut-être pour la première fois ce que l’on peut appeler une surexposition. Comme l’œil de Regulus, le four solaire au centre du dispositif du jardin de la Villa Paloma transforme la puissance du soleil en une énergie aussi sublime qu’incandescente.


Architecte et co-fondateur de l’agence Freaks à Paris, Guillaume Aubry est également artiste, diplômé des Beaux-Arts de Paris. Il mène depuis plusieurs années une recherche théorique et plastique autour de l’expérience esthétique des couchers soleil. Il a soutenu sa thèse de doctorat « Courser le soleil » en 2022 dans le cadre du programme Radian. Il enseigne actuellement à l’École des Arts décoratifs de Paris en design d’espace.


Curateur : Benjamin Laugier





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