Latifa Echakhch, le jardin mécanique
Latifa Echakhch présente une nouvelle installation conçue spécifiquement pour la Villa Sauber.
L’exposition convoque les souvenirs lointains de l’invention de Monte-Carlo – de la création de l’Opéra Garnier aux jardins luxuriants de plantes exotiques – mêlés aux impressions et souvenirs d’enfance de l’artiste.
Latifa Echakhch est née en 1974 à El Khnansa au Maroc. Sa famille s’installe peu de temps après à Aix-les-Bains où son père est employé au Casino Grand-Cercle, doté d’un prestigieux théâtre. Son enfance est durablement marquée par les paysages naturels qui inspirèrent quelques-uns des plus beaux poèmes de Lamartine et par la découverte des coulisses du théâtre et de sa machinerie conçus à la veille du XXème siècle, semblable en de nombreux points à celle de l’Opéra de Monte Carlo.
Invitée par le NMNM à concevoir de nouvelles pièces pour son exposition, Latifa Echakhch a sélectionné de nombreux détails issus des maquettes de papier conçues par Alphonse Visconti, décorateur de l’Opéra de Monte-Carlo entre 1903 et 1924, qu’elle a ensuite produits sous forme de décors de théâtre. Elle déploie ainsi dans l’espace d’exposition un paysage aussi factice que fantasmé, composé de fragments de décors pour des productions telles que Pompéi, Rigoletto, ou encore Masques et Bergamasques… formant un écho lointain aux Fêtes Galantes de Verlaine ou encore aux Méditations poétiques composées sur les bords du lac du Bourget.
Le paysage ainsi recomposé, suspendu aux fils d’une machinerie de théâtre imaginaire, est intimement lié à la tradition des automates mécaniques fabriqués dans les ateliers parisiens au XIXème siècle. Ces jouets de salon, dont les sujets reflétaient l’histoire coloniale française et un goût nouveau pour l’exotisme, ont inspiré une série de vidéos présentées au sein du jardin mécanique créé par Latifa Echakhch.
C’est en renouvelant la tradition du paysage romantique et son topos associé – la contemplation des ruines – que Latifa Echakhch a pensé cette dernière exposition de la Villa Sauber avant fermeture pour travaux, et en se nourrissant du cadre de cette demeure emblématique de la Belle-Époque et de son jardin de roses.
Lauréate du prix Marcel Duchamp en 2013 et du Zürich Art Prize en 2015, Latifa Echakhch est diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise et de l’École nationale des beaux-arts de Lyon. Elle vit à Fully en Suisse et bénéficie du soutien des galeries Kamel Mennour à Paris, Kaufmann-Repetto à Milan, Eva Presenhuber à Zurich et Dvir à Tel-Aviv.
Son travail a été récemment présenté à la Biennale Internationale d’Istanbul (2017), à Power Plant Gallery, Toronto (2017), à Haus Konstruktiv, Zurich (2016), au Lentos Kunstmuseum, Linz (2015), au Swiss Institute, New York (2015), au Centre Pompidou, Paris (2014 – 2015), au Palazzo Grassi, Venise (2014), au Musée d’art contemporain de Lyon (2013) et au Hammer Museum, Los Angeles (2013).
Commissaire de l’exposition : Célia Bernasconi