GERRY SCHUM ET L’ARTE POVERA Dans le cadre du programme Winter Video Days
L’entrée de l’art vidéo et de l’art numérique dans le champ de l’art contemporain est relativement récente. Ils constituent des tendances particulièrement novatrices de l’art du XXIe siècle. Le Nouveau Musée National de Monaco leur consacre un programme, les « Winter Video Days ».
Pour cette deuxième édition, en écho à l’exposition « Casa ideale » de Pier Paolo Calzolari, le NMNM présente la partie consacrée à l’Arte Povera du film de Gerry Schum, Identifications (1970).
Avant-garde radicale née en réaction au pop, l’Arte Povera a été davantage une mouvance qu’un mouvement. Rarement associé au film et à la vidéo, il s’est pourtant intéressé aux possibilités offertes par ces médiums dans le contexte spécifique de la société italienne des années 60 où la télévision prenait de plus en plus d’importance.
Il n’est donc pas surprenant que six figures majeures de l’Arte Povera (Giovanni Anselmo, Alighiero Boetti, Pier Paolo Calzolari, Gino de Dominicis, Mario Merz, Gilbert Zorio) aient accepté de participer au projet novateur de Gerry Schum : la Fernsehgalerie, une très éphémère « galerie télévisuelle » financée par la chaine berlinoise SFB.
Pour le jeune allemand, la télévision devait permettre de sortir des circuits traditionnels de diffusion de l’art et de présenter des artistes d’avant-garde à un large public. À travers sa galerie télévisée, il ambitionnait de faire connaître les formes artistiques les plus radicales de son époque. Si l’aventure devait se solder par une unique diffusion, le 15 avril 1969, du film Land Art, Gerry Schum n’en a pas moins exploré pour la première fois la puissance plastique de ce nouveau médium aux « frontières pleines de grisaille et d’électricité statique » (Robert Smithson). En effet, ni Land Art ni Identifications ne sont des documentaires. Tournés en 16 mm, ses deux films sont constitués d’une série de happenings conçus en collaboration avec les artistes.
Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que la performance de Pier Paolo Calzolari filmée par Gerry Schum (on voit l’artiste italien taper à la machine son emploi du temps de la semaine) ait été déclinée la même année sous la forme d’une installation. Cette dernière se compose du même texte mais en néon, d’une chaise qui évoque de manière métonymique le métier d’écrivain, ainsi que d’une bougie symbole de la fuite du temps. En passant d’un médium à l’autre, Pier Paolo Calzolari s’est livré à une des variations autour d’un même thème qui ponctuent son œuvre.
Commissaire : Guillaume de Sardes
Dans le cadre du programme Winter Video Days, en partenariat avec le Festival OVNi