Richard Artschwager!
Richard Artschwager! est la plus grande et complète rétrospective jamais réalisée à ce jour de l’œuvre de l’artiste.
L’exposition est organisée par le Whitney Museum American Art, New York, en association avec la Yale University Art Gallery, New Haven. L’organisation de cet événement a été confiée à Jennifer Gross, Conservatrice en Chef et Directrice Adjointe de la conservation du deCordova Sculpture Park and Museum, Lincoln, Massachusetts.
L’exposition du Nouveau Musée National de Monaco est organisée par Marie-Claude Beaud. Après le Whitney Museum de New York, le Hammer Museum de Los Angeles, puis le Haus der Kunst de Munich ont accueilli à leur tour l’exposition Richard Artschwager!
L’exposition rassemble plus de 135 œuvres sur six décennies, comprenant des sculptures, peintures, dessins, photos et affiches. Si son œuvre a souvent été associée au pop art, au minimalisme et à l’art conceptuel, elle n’a jamais pu vraiment être classée dans l’une ou l’autre de ces catégories. Elle est restée au confluent de plusieurs disciplines. Son art a sans cesse exploré des questions sur son propre engagement visuel et physique par rapport au monde ; ses objets oscillent entre illusion et réalité. L’exposition révèle la prescience de l’artiste au niveau de l’engagement qui a été le sien tout au long de sa carrière : explorer l’impact profond de la photographie et des technologies dans la transformation de notre regard sur le monde. Son œuvre a remis en question la manière dont ces médias – et notre perception des choses comme des images plutôt que des choses mêmes – ont modifié notre perception, ancrée initialement dans une apparence physique et primaire des objets, en une connaissance relayée par des sources secondaires comme les journaux, la télévision et l’Internet.
Le NMNM présente, dans les sept salles de la Villa Paloma, un parcours rétrospectif articulant différentes séries, allant des premières expérimentations faisant usage du Formica jusqu’aux dessins en passant par les peintures sur matériaux industriels et les pièces de mobilier. L’exposition, dans sa dernière version, est l’occasion de découvrir et mieux appréhender le travail de cet incontournable pionnier de l’art contemporain.
Pendant plus de cinquante ans, Richard Artschwager (1923-2013) a marqué l’histoire de l’art contemporain. Il a commencé à produire des œuvres dans les années 50. En 1965, une première exposition personnelle lui est consacrée, alors qu’il est âgé de quarante-deux ans, et révèle son œuvre à la Galerie Leo Castelli, à New York. Il fait sa première apparition au Whitney Annual en 1966.
Comme le fait remarquer Jennifer Gross dans son catalogue : « Les œuvres qui sont présentées ici défient et confirment nos attentes en matière d’esthétique, en occupant des espaces familiers de la sculpture et en revisitant certains styles de la peinture classique. Cependant, elles semblent toujours impénétrables par rapport à notre attente d’une représentation physique et visuelle de ce qu’elles devraient être, ou qu’elles devraient nous révéler. Artschwager avait déclaré au début de sa carrière qu’il voulait créer des « objets inutiles » pour mettre un terme à notre vue passive du monde qui nous entoure et pour insister sur une perception visuelle et physique en temps réel, dans un espace partagé. Les œuvres présentées à cette exposition confirment l’originalité et la continuité de sa vision. »
Artschwager a utilisé très longtemps des matériaux servant à fabriquer des objets à usage commercial ou industriel à la fois dans ses tableaux et ses sculptures. Ce menuisier passionné a commencé par gagner sa vie en fabriquant des meubles pendant une bonne partie des années 50. Il a alors commencé à intégrer à son art des éléments en Formica qu’il appelait « ce matériau superbement horrible, cette horreur de l’âge que j’ai fini par apprécier soudainement… On aurait dit que le bois avait traversé le temps, comme si cette chose n’avait existé qu’à moitié… Mais en même temps, c’est une image de quelque chose, bref un objet. » Artschwager s’est de plus en plus intéressé à cette alliance du bois et du Formica. Au début des années 60, il a utilisé ces matériaux pour créer des œuvres oscillant entre peinture et sculpture et a souvent utilisé les meubles comme point de départ. Il a travaillé avec un vocabulaire constitué de formes familières de notre environnement pour essayer de relier l’espace à la perception que nous nous en faisons. De même, en 1962 il commence à peindre sur des panneaux de fibres de Celotex, un matériau de construction bon marché, à la surface rugueuse, qui donne à ses peintures un effet de distance. Pendant plusieurs décennies, il examine les relations entre les objets de base, que nous utilisons tous les jours, comme les tables, les chaises, les fenêtres, les miroirs et les paniers. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas seulement le lien visuel entre ces objets, mais de quelle manière notre perception et compréhension de chacun d’entre eux nous renvoie à notre expérience personnelle des objets.
Jennifer Gross fait la remarque suivante « Artschwager en était arrivé à la conclusion que l’art se définissait autant par l’impression visuelle que par la création même… par une manière de mettre les objets en perspective plutôt que par la réalisation de l’objet lui-même. Même s’il a continué à être un créateur d’objets dont l’attention aux moindres détails relevait de « l’obsession », il était persuadé que ses futurs efforts seraient centrés sur des choses que l’on regarderait… son royaume des œuvres « inutiles ».
Dans le cadre de l’exposition, le Nouveau Musée National de Monaco présente #BLPMC, une installation de blps dans la ville. Le blp (pronconcer blip) a été créé par Artschwager à la fin des années 1960. Il se matérialise par une marque noire de forme oblongue aux bouts arrondis, ayant pour but d’orienter notre regard et attirer notre attention sur des lieux ou des choses autour de nous, qui passent souvent inaperçus.
L’œuvre de John Baldessari, Mountain Climber (Incomplete) / Passers By / Confrontations, 1992 provenant de la UBS Art Collection sera présentée dans La Table de Matières, au rez-de-chaussée de la Villa