Léna Durr (2022-2023)
Collection de collections
En 2019, le Nouveau Musée National de Monaco a initié une résidence d’artiste dans les deux collèges de la Principauté, Charles III et l’Institution privée François d’Assise-Nicolas Barré. Après Oriol Vilanova et Guillaume Aubry, Léna Durr est intervenue entre septembre 2022 et mai 2023 dans deux classes de 6ème. Les élèves ont été invités à réfléchir sur ce que collectionner signifie et comment cela peut s’articuler dans une pratique artistique.
Certains entrent au collège avec une trousse toute neuve, d’autres gardent celle de l’année passée avec, à l’intérieur, les capuchons mâchouillés, la gomme tatouée, les stylos vidés de l’encre qui a formé de drôles de taches sur le tissu. Dans leurs chambres aussi, de nombreux objets se sont accumulés. Peluches, pièces de monnaies, figurines, cartes postales, cartes « Panini » ou « Pokémon », la collection de timbres du grand-père qu’on se jure de poursuivre, la saga de mangas à la mode, les pin’s que papa gardait depuis trente ans et qu’il a fini par céder. Ces collections se construisent tout comme elles s’héritent. Elles sont des trésors intimes qu’on passe en revue ou qu’on oublie dans un tiroir. Parfois même, elles se font sans qu’on ne le sache.
Qu’ils amassent inlassablement des objets de consommation, de la nature, de nos rebus ou des artefacts plus précieux, certains artistes s’engagent, eux aussi, dans la pratique de la collecte. C’est ainsi que Rodin constituait son répertoire de formes grâce à sa collection d’antiques, qu’Arman concevait ses « accumulations », ou que Mark Dion compose aujourd’hui ses cabinets de curiosités.
Amatrice de vide-greniers, Léna Durr a elle-même commencé à accumuler les objets dès l’enfance. Elle a entassé les poupées, les canards en plastique, les vêtements, les statuettes… C’est lors de ses études aux beaux-arts qu’elle décide de faire de ses collections, le matériau principal de ses installations et de ses photographies. Dans ses mises en scène, elle donne à voir « le goût des autres », le kitsch sans fard ni jugement de valeur. Elle expose la collection avec la douceur de ceux qui connaissent les sentiments ambivalents qu’elle procure.
À l’occasion de sa résidence à Monaco, Léna Durr a proposé aux élèves de photographier ce qu’ils collectionnaient. Au Collège François d’Assise-Nicolas Barré, une vitrine réunit les objets qui incarnent la collection de chacun des quatorze élèves, tandis qu’une autre présente une sélection de la collection de clochettes liturgiques du professeur de catéchèse de l’établissement. Au Collège Charles III, les écrans d’information diffusent des photographies d’objets posés au creux des mains des élèves. Une collection de collections que l’on peut également retrouver sur le compte Instagram : @une_collection_dans_les _mains
En partenariat avec la Direction Nationale de l’Education et la Jeunesse et des Sports et avec le soutien de le Direction des Affaires Culturelles du Gouvernement Princier.